Revenge by proxy
(English version)
she pounded the rag doll with her tiny gnarled fists
then, grabbing it by its foot, slapped it hard
against the tree trunk, again and again
calling her ‘you dirty little slut, will you ever learn?’
then she whimpered and stuttered
‘if … if … I hurt you so, it is…
because I have no one else.’
for a while, her attention was drawn by the distant cooing
of a bird and she searched for it above her head
spinning it every which way she could
in the hope it would land on the palm of her hand
and keep her company, but the cooing went on
and still the caller remained invisible
her heart shrivelled with despair and remembering
the existence of the rag doll, hanging from her fingers,
she walked around the clearing and picked up a thorn
which she ruthlessly stuck between its eyes
then through its nostrils and finally,
with a lurid twinkle in her look, inside its vagina
‘here, so that you will never be able to have a baby,
you nasty piece of work, you ozone destroyer.’
from where the cooing had originated now she heard
the twitter of nestlings, how many could they be,
maybe four, maybe as many as a whole score?
and again she stood puzzled
they kept up their racket for a long time
‘their parents must have flown away to fetch them
some food, worms and flies and other insects’
then of a sudden silence fell over the wooded cliff
‘I’m getting hungry,’ she thought and rummaged among
the underbrush until she found berries
or what looked like berries, so fleshy and red they were
‘you can starve!’ she said to the rag doll
as she began popping the beautiful round fruits into her mouth
and while she ate, her mouth dripping with juice,
she rubbed a berry along the rag doll, smearing it first
all over the face and then fiercely between its legs
‘momma never wanted me as a child’, she said
in a garbled voice ‘so why should I be kind to you?’
the little girl and her rag doll were found dead the next morning
Venegeance par procuration
(version française)
elle a pris sa poupée de chiffon par les pieds et l’a frappée
contre le parapet, encore et encore, puis a couru au dehors,
lui faisant mordre l’écorce du vieux cerisier
‘petite salope!’, lui a-t-elle alors crié,
‘vas-tu jamais apprendre’?’
prise de remords, la fillette se mit à geindre:
‘si .. si je te maltraite ainsi, c’est que
je n’ai personne d’autre que toi.’
pour un moment, son attention fut attirée par un chant d’oiseau
longtemps, longtemps, elle chercha la source de cette voix
avec l’ardent et secret désir qu’il se pose sur sa main
mais l’oiseau, sans se faire voir, continua de chanter
le coeur de la fillette s’assombrit, puis, se rappelant
l’existence de la poupée de chiffon au bout de ses doigts,
elle rejoignit la clairière et ramassa une épine
grosse et acérée comme une griffe de lion
elle la lui enfonça entre les yeux et dans les narines
puis, le regard mauvais, à l’endroit du vagin, et dit:
‘ainsi, tu ne pourras jamais avoir de bébé,
petite salope, porteuse de malchance, bouffeuse d’ozone.’
mais au lieu du chant, elle entendit à présent
pépier des oisillons; combien pouvait-il y en avoir,
quatre, six, peut-être même dix?
et tandis que les petits s’égosillaient, elle pensa que,
sans doute, leurs parents étaient partis leur chercher à manger
puis soudain, un grand silence se fit dans la clairière
‘je commence moi aussi à avoir faim,’ se dit la fillette
elle alla explorer le sous-bois et finit par trouver des baies
celles-ci étaient si jolies, si densément rouges et charnues,
qu’elle n’hésita pas à les avaler, trois par trois
et tandis qu’elle mangeait, la bouche gluante de jus,
elle lança à sa poupée:
‘toi, petite garce, tu n’en auras pas!’
alors, elle s’empara d’une grosse baie cramoisie
et la frotta longuement entre les jambes de sa poupée
‘maman me répète souvent qu’elle n’a jamais voulu m’avoir,
pourquoi serais-je gentille avec toi?’
le lendemain matin, on trouva la fillette morte
avec sa poupée de chiffon toute maculée et déchirée en deux